La Femme brouillon, d’Amandine Dhée : un texte émancipateur et féministe sur la maternité

Prix Hors Concours l’année de sa parution en 2017, ce court roman d’Amandine Dhée (maintenant disponible en format poche) suit le parcours d’une femme qui devient mère et qui ne veut pas se laisser enfermer dans ce rôle. Elle écrit : « le meilleur moyen d’éradiquer la mère parfaite, c’est de glandouiller. Si faire vœu d’inutilité est déjà courageux dans notre société, pour une mère, c’est la subversion absolue. » Avec cette phrase, le ton est donné. La Femme brouillon est un livre plein d’humour qu’on dévore rapidement.

On y lit les doutes de la jeune femme à la découverte de sa grossesse (« J’ai si peur de rater le bébé […] Pourquoi sous prétexte que j’ai un utérus, dois-je porter une telle responsabilité ? Le père du bébé aurait fait une bien meilleure mère »), la puissance et la fragilité d’un accouchement, les contradictions de la jeune maman, l’amour pour son enfant.

L’autrice évoque aussi les injonctions de la société, la vision épuisante d’une maternité parfaite et épanouie que cette même société véhicule (« J’y vois un complot contre les femmes. Une façon de les coincer avec le meilleur prétexte au monde : l’épanouissement de l’enfant. Les femmes devraient toujours se méfier quand on leur accorde un monopole ») ou encore les assignations de genre dans les boutiques de fringues pour bébés.

Les chapitres s’enchaînent, le style est vif, la langue simple et drôle. Tout sonne juste.

Et avec ce texte profondément féministe et émancipateur, c’est l’intime qui devient universel.