Droits humains pour tou.te.s : un manifeste pour qu’enfin les droits et les luttes des femmes comptent vraiment

Entrée en matière : « La lecture de ce manifeste vous permettra d’acquérir un nouvel apprentissage définitif : que vous écriviez Homme avec une minuscule ou une majuscule, les femmes ne sont pas des Hommes. »

Paru le 28 mai, ce manifeste est une nouvelle contribution indispensable pour qu’enfin les droits et les luttes des femmes comptent vraiment et ne soient plus invisibilisés. « L’objectif du collectif Droits humains pour tou·te·s se résume en une phrase : obtenir que les institutions remplacent l’expression « droits de l’homme » par « droits humains ». »

Mélange de textes et de dessins d’autrices aux parcours distincts, avec par conséquent des approches différentes, pédagogiques, humoristiques (« Arrêtons de demander à l’Académie française son avis car, malgré tous ses conservateurs, elle est périmée. ») mais toujours militantes, ce livre pointe le doigt sur une incohérence majeure et porte une condamnation sans appel sur tout ce que l’expression « droits de l’homme » a de sexiste. Cette diversité des intervenantes permet de bien mettre en lumière toutes les problématiques autour de ce sujet mais aussi d’apporter des argumentaires plus variés.

Certains textes vont avoir une approche linguistique car « le langage ce n’est pas juste ce qui nous permet de nous exprimer, c’est ce qui structure et aussi influence nos pensées » et d’autres vont plutôt parler histoire pour expliquer comment nous en sommes arrivés là puisque « le privilège linguistique du masculin en français découle en grande partie d’une opération de masculinisation de la langue entamée au XVIIe siècle ». Finalement, que l’on se place d’un point de vue linguistique ou historique, ce qui est flagrant c’est que tout relève du politique et que « cette confusion entre masculin et humain imprègne profondément notre conception du monde et notre manière d’aborder tous les champs de la connaissance.»

Description : Image

Face à tous ces arguments, il est difficile de comprendre pourquoi encore aujourd’hui, il puisse y avoir autant de résistance à l’idée de modifier un mot, un seul petit mot, c’est même totalement incompréhensible. Les réactions peuvent être à la fois méprisantes, moqueuses voire assez violentes. C’est une preuve que ce combat est nécessaire. Le livre se penche ainsi également sur ces oppositions et ce que l’on peut remarquer c’est dans un premier temps, la force de ces dernières, « en s’appropriant le terme homo, les hommes ont expulsé les femmes, conservant pour eux seuls toutes ses connotations » puis dans un second temps l’absurdité des raisons invoquées quand par exemple l’Académie française stipule qu’« il faut parler […] de « genres respectivement marqué et non marqué ». Le genre « non marqué », par définition incluant, serait ainsi fondé à valoir comme forme neutre. » Toutes ces élucubrations et ces gesticulations semblent toutefois bien fatigantes à rédiger, exposer ou argumenter et pourtant il existe toujours des personnes qui s’évertuent à lutter contre des améliorations notoires de la langue française et sont la confirmation qu’il y a une volonté manifeste à refuser une évolution de celle-ci pour qu’elle puisse prendre en compte tout le monde et pas seulement les membres du sexe masculin qui semblent craindre une perte de pouvoir ou la disparition de l’un de leurs nombreux privilèges. Crainte infondée puisque le but n’est pas d’exclure mais d’inclure, parler de droits humains ne signifie pas que les droits de l’homme sont mis de côté, c’est prendre en considération la société dans son ensemble avec toute sa diversité et pas seulement les personnes qui se définissent comme femme. « Le fait est que dans notre société où le genre occupe une place si importante, on ne peut pas voir derrière tout être humain un être humain, on voit derrière tout être humain une catégorie associée à des stéréotypes : un garçon, une fille, une femme, un homme. On distingue, on discrimine. » D’où l’importance de faire avancer notre langue pour qu’elle corresponde beaucoup mieux aux visages de notre société.

Puissante, percutante, drôle et surtout très accessible, cette lecture s’impose d’autorité comme un ouvrage d’utilité publique. Une manière très claire de prendre conscience des inégalités rencontrées par les femmes mais aussi de réaliser que du côté des opposants il y a une espèce d’acharnement, de hargne, quelque chose qui relève de la ténacité rageuse lorsque ces femmes décident de s’exprimer et souhaitent par ailleurs faire bouger les lignes. Chaque texte, chaque dessin nous incite à accompagner et soutenir le collectif Droits humains pour tou·te·s pour qu’enfin disparaisse ce « décalage terrible entre la prétention à l’universalité de l’expression « droits de l’homme » et la discrimination manifeste qu’elle constitue. »

DROITS HUMAINS POUR TOU·TE·S

Description : Petite histoire du féminisme - Paris-luttes.info