Les parutions féministes de début d’année

Chaque mois – ou presque –, nous vous proposons un agenda des parutions féministes. Romans, essais, bandes dessinées… vous avez le choix ! Ces ouvrages sont disponibles en librairie et parfois empruntables à la Féministhèque. Les livres proposés n’ont pas forcément été lus par Les Missives (par manque de temps), il s’agit des annonces de publications, par les éditeurs. Nous attendons vos avis.

Romans

Love Me Tender, de Constance Debré

« Je ne vois pas pourquoi l’amour entre une mère et un fils ne serait pas exactement comme les autres amours. Pourquoi on ne pourrait pas cesser de s’aimer. Pourquoi on ne pourrait pas rompre. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas s’en foutre, une fois pour toutes, de l’amour. »
Constance Debré poursuit sa quête entamée avec Play Boy, celle du sens, de la vie juste, de la vie bonne. Après la question de l’identité se pose la question de l’autre et de l’amour sous toutes ses formes, de l’amour maternel aux variations amoureuses. Faut-il, pour être libre, accueillir tout ce qui nous arrive ? Faut-il tout embrasser, jusqu’à nos propres défaites ? Peut-on renverser le chagrin ? »

Ce livre a paru chez Flammarion au prix de 18 euros.

La Deuxième Femme, de Louise Mey

« Sandrine ne s’aime pas. Elle trouve son corps trop gros, son visage  trop fade. Timide, mal à l’aise, elle bafouille quand on hausse la voix, reste muette durant les déjeuners entre collègues.
Mais plus rien de cela ne compte le jour où elle rencontre son homme, et qu’il lui fait une place. Une place dans sa maison, auprès de son fils, sa maison où il manque une femme. La première. Elle a disparu, elle est présumée morte, et Sandrine, discrète, aimante, reconnaissante, se glisse dans cette absence, fait de son mieux pour redonner le sourire au mari endeuillé et au petit Mathias.
Mais ce n’est pas son fils, ce n’est pas son homme, la première femme était là avant, la première femme était là d’abord. Et le jour où elle réapparaît, vivante, le monde de Sandrine s’écroule. »

Ce livre a paru au Masque au prix de 20 euros.

Kim Jiyoung, née en 1982, de Cho Nam-joo

« Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?
En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d’une écriture précise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court. »

Ce livre a paru chez Nil au prix de 18,50 euros.

Le Complexe de la Sorcière, d’Isabelle Sorente

« Les histoires que je lis sont celles de femmes accusées d’avoir passé un pacte avec le diable parce qu’un veau est tombé malade. Les histoires que je lis sont celles de femmes qui soignent alors qu’elles n’ont pas le droit d’exercer la médecine, celles de femmes soupçonnées de faire tomber la grêle ou de recracher une hostie à la sortie de la messe. Et moi, je revois le cartable que m’a acheté ma mère pour la rentrée de sixième, un beau cartable en cuir, alors que j’aurais voulu l’un de ces sacs en toile que les autres gosses portent sur une seule épaule, avec une désinvolture dont il me semble déjà que je ne serai jamais capable. Je revois mon père tenant ma mère par la taille un soir d’été, je le revois nous dire, à mon frère et à moi, ce soir, c’est le quatorze juillet, ça vous dirait d’aller voir le feu d’artifice  ? Cette contraction du temps qui se met à résonner, cet afflux de souvenirs que j’avais d’abord pris pour un phénomène passager, non seulement ne s’arrête pas, mais est en train de s’amplifier. 

En trois siècles, en Europe, plusieurs dizaines de milliers de femmes ont été accusées, emprisonnées ou exécutées. C’est l’empreinte psychique des chasses aux sorcières, et avec elle, celle des secrets de famille, que l’auteure explore dans ce roman envoûtant sur la transmission et nos souvenirs impensables, magiques, enfouis. »

Ce livre a paru chez JC Lattès au prix de 20 euros.

À mains nues, d’Amandine Dhée

« Dans À mains nues, Amandine Dhée explore la question du désir à la lumière du parcours d’une femme et de ses expériences sexuelles et affectives. Comment devenir soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent ? La narratrice revisite toute sa vie, de l’ enfance à l’âge adulte et se projette à l’âge de la vieillesse.

La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie.

Amandine Dhée poursuit ainsi la réflexion entamée en 2017 avec La Femme brouillon sur la représentation des femmes dans l’imaginaire collectif et leur émancipation. »

Ce livre a paru chez aux éditions de La Contre Allée au prix de 20 euros.

Crazy Brave, de Joy Harjo

« Crazy. Folle. Oui, elle doit être folle, cette enfant qui croit que les songes guérissent les maladies et les blessures, et qu’un esprit la guide. Folle, cette jeune fille de l’Oklahoma qui se lance à corps perdu dans le théâtre, la peinture, la poésie et la musique pour sortir de ses crises de panique. Folle à lier, cette Indienne qui ne se contente pas de ce qu’elle peut espérer de mieux : une vie de femme battue et de mère au foyer.

Brave. Courageux. Oui, c’est courageux de ne tenir rigueur à aucun de ceux qui se sont escrimés à vous casser, à vous empêcher, à vous dénaturer. De répondre aux coups et aux brimades par un long chant inspiré. D’appliquer l’enseignement des Ancêtres selon lequel sagesse et compassion valent mieux que colère, honte et amertume.

Crazy Brave. Oui, le parcours existentiel de Joy Harjo est d’une bravoure folle. Comme si les guerres indiennes n’étaient pas finies, elle a dû mener la sienne. Une guerre de beauté contre la violence. Une guerre d’amitié pour les ennemis. Et elle en sort victorieuse, debout, fière comme l’étaient ses ancêtres, pétrie de compassion pour le monde. Les terres volées aux Indiens existent dans un autre univers, un autre temps. Elle y danse, et chacun de ses pas les restaure. »

Ce livre a paru aux éditions du Globe au prix de 19 euros.

La Mère morte, de Blandine de Caunes

« Une mère, âgée mais indépendante, se trompe de jour, de lieu de rendez-vous avec ses filles, achète des objets superflus et coûteux, oublie dans le coffre de sa voiture les fruits de mer bretons, et se lève la nuit, croyant partir pour une destination inconnue.
Cela pourrait être drôle, si ce n’était une maladie mentale due à l’âge, et surtout si cette femme si confuse n’était pas la romancière Benoîte Groult, la mère de l’auteure de ce livre d’une force rare.
Benoîte Groult, luttant, jouant avec sa propre fin, mais refusant avec rage de céder à la fatalité et à la vieillesse, elle qui a été une militante de l’association ‘Pour le droit de mourir dans la dignité’. Voici la femme intime, plus que la femme publique, ici telle qu’on ne la connaît pas, et qui écrivait : ‘Dans la vie, deux mondes se côtoient : celui des gens qui vont vivre et celui des gens qui vont mourir. Ils se croisent sans se voir.’

Benoîte s’éteint en juin 2016 à Hyères, à 96 ans. Écrivaine comblée, mère et grand-mère heureuse, femme de combats remportés. Mais ce que ce livre raconte, ce n’est pas juste le deuil hélas ! prévisible d’une mère admirée et aimée, mais un double deuil : voici le terrible sens du titre, La mère morte. ‘Maman, mon dernier rempart contre la mort. Bientôt, ce sera moi le rempart pour ma fille’.
Le 1er avril 2016, la fille de Blandine de Caunes, Violette, 36 ans, meurt dans un banal accident de voiture, laissant orpheline sa fille Zélie. L’ordre du monde est renversé : Benoîte s’accroche à la vie, Blandine sombre, Violette n’est plus. De Benoîte Groult, sa fille a hérité l’humour et la force vitale. »

Ce livre a paru chez Stock au prix de 20 euros.

Essais

Sortir du trou. Lever la tête, de Maïa Mazaurette

« Mal en point, la sexualité contemporaine ? Désenchantée, tout au moins.

Perturbée par les questions soulevées par le mouvement MeToo, mais aussi par la baisse internationale de libido, les enjeux de pouvoir, les injonctions irréalistes. Avec, pour résultat, une immense lassitude.

La faute à qui, à quoi ? À une sexualité pensée comme une affaire d’orifices, à un imaginaire qui réduit les femmes à un vide à combler, alors qu’elles possèdent un sexe, pulsant, puissant. La première partie de cet essai, ‘Sortir du trou’, analyse comment l’Histoire, la culture et la psychanalyse ont réduit nos pratiques à des peaux de chagrin.

Mais parce qu’un pamphlet ne nous fera pas retrouver le chemin de la joie et du plaisir, la seconde partie, ‘Lever la tête’, propose une ars erotica optimiste, pratique, ambitieuse, centrée sur la fantaisie et l’éthique. Au programme : une sexualité solaire, radieuse, à la portée de chacun.

Une autre sexualité est possible, il suffit de la faire advenir. ‘Sortir du trou’ explique pourquoi. ‘Lever la tête’ révèle comment. »

Ce livre a paru chez Anne Carrière au prix de 18 euros.

Lâchez-nous l’utérus. En finir avec la charge maternelle, de Fiona Schmidt

« Au départ, il y avait cette question : pourquoi le fait que je ne veuille pas d’enfant pose-t-il un problème à tout le monde, sauf à moi ? J’ai trouvé la réponse : parce que je suis une femme en âge d’en avoir qui coche 100 % des cases du bingo procréatif. Même 50 ans après la légalisation de la pilule et de l’avortement en France, être une femme, c’est être une mère : être nullipare, volontaire ou plus souvent, involontaire, c’est donc être reléguée en D2 de féminité. 
Pourtant il ne suffit pas d’être mère pour qu’on vous fiche une paix très relative – oh non… Encore faut-il être une ‘bonne’ mère, selon des normes procréatives et éducatives de plus en plus nombreuses, rigides et contradictoires. Résultat : la plupart des mères, celles qu’on ne voit pas à la télé ni sur Instagram, sont de plus en plus épuisées tout en se sentant de moins en moins légitimes (capables ?).
Tant que l’on considèrera que la maternité n’est pas une option mais une preuve de la féminité, tant que la parentalité restera d’abord une affaire de femmes, donc que c’est à elles de concilier leurs douze journées, les inégalités persisteront, non seulement entre les femmes et les hommes, mais aussi et avant tout entre les femmes. À nous de décider qu’elles ne sont pas une fatalité.

Fiona Schmidt est journaliste. Elle a écrit un livre  de cuisine militant, Les Recettes d’une connasse  (Grand Prix Eugénie Brazier 2017), et un essai sur l’évolution des rapports de séduction entre les  femmes  et les  hommes,  L’amour après #MeToo, publiés chez Hachette Pratique. »

Ce livre a paru chez Hachette Heroes au prix de 17,95 euros.

Pardon, d’Eve Ensler

« Comme des millions de femmes, Eve Ensler a attendu sa vie entière des excuses qui ne sont jamais venues. Son bourreau, qui fut aussi son père, est mort sans exprimer aucun regret. C’est ainsi qu’Eve a décidé d’écrire elle-même cette demande de pardon tant espérée.
Derrière les mots fantasmés de son père, c’est peu à peu la vie d’Eve, ses luttes et ses passions qui transparaissent. Se dessine le portrait d’une femme incroyablement courageuse qui est parvenue à trouver une voie alternative à la honte et à la colère.
Pardon est un texte salvateur qui a suscité à sa parution aux États-Unis la même onde de choc que Les Monologues du vagin. »

Ce livre a paru chez Denoël au prix de 18 euros.

Jouissance Club

« Vous avez l’impression de passer à côté de votre sexualité  ?
Pas de panique, Jüne du compte Instragram Jouissance Club fait souffler un vent de fraîcheur et d’espoir en proposant un manuel d’éducation sexuelle promouvant le plaisir accessible à tous, femme, homme, non-binaire, hétéro, homo, bi, etc. !
Elle propose de mettre de côté la pénétration pour se concentrer sur les 1001 façons de se donner du plaisir autrement, de manière décomplexée, jubilatoire et bienveillante.
À l’aide de nombreux schémas sobres et élégants… »

Ce livre a paru chez Marabout au prix de 16,90 euros.

Bandes dessinées

C’est comme ça que je disparais, de Mirion Malle

« Très attendue, C’est comme ça que je disparais est la première fiction de Mirion Malle, bien connue pour ses BD didactiques féministes, engagées et aussi percutantes qu’hilarantes.

C’est comme ça que je disparais est une tranche de vie douce-amère, pop et très ‘nouvelle vague’. Mirion Malle nous entraîne au plus près des personnages et de leurs émotions, au plus près aussi du mal-être et de la dépression vécue par l’héroïne.

Cette BD, qui est un véritable miroir tendu aux jeunes adultes du 21e siècle, aborde aussi en creux la question de la santé mentale et de la dépression. Mirion Malle, avec le talent qui est le sien, le fait avec énormément de sensibilité et de pudeur (avec humour aussi, bien sûr !), par petites touches impressionnistes composant un tableau particulièrement touchant et servi par une écriture remarquable.

On y retrouve par ailleurs l’univers et les thèmes de prédilection de Mirion Malle (le féminisme, la sororité, le soutien, l’écoute, le karaoké, les chansons des années 2000, la communication et les réseaux sociaux) et l’on y découvre la vie à Montréal. »

Ce livre a paru chez La ville brûle au prix de 19 euros.

Guide de l’échec sentimental

« Depuis toute petite, on vous a appris à rêver de ce destin fait de fleurs et d’étoiles dans les yeux, d’un amour durable entre les bras rassurants d’un homme solide et fidèle, de votre regard attendri sur l’enfant qui sommeille et des soirées sereines au coin du feu dans le salon où ronronne un chat paisible.
Pourtant, vous le sentez confusément, tout ceci n’est pas pour vous. Votre avenir ne saurait se dessiner dans ces tons pastels dont la douceur soulève votre cœur conçu pour le chaos et l’amertume. Votre vocation à vous, c’est la romance inaboutie, le vagabondage sans issue, les cris et les larmes, le muscadet tiède et le ratage inconditionnel.
Mais d’innombrables obstacles seront dressés sur votre route pour vous empêcher d’accomplir votre destinée et vous orienter sur la funeste voie des robes blanches et des layettes. Grand-mère avide de petits-enfants, mère désireuse d’être grand-mère, meilleure amie ambitionnant d’être demoiselle d’honneur, magazines féminins et autres comédies sentimentales se relaieront pour vous convaincre des vertus de la vie conjugale et de l’ineptie de vos choix. Face à ce gigantesque matraquage familial, amical et médiatique, il vous faudra être forte.
Ce guide est conçu pour vous mener de la façon la plus sûre qui soit vers la solitude et la dépression.
Vous nous remercierez plus tard.

Avec ce préambule impertinent, François Salaün annonce le ton de ce guide ironique et anticonformiste. »