Camel Joe, la super-héroïne qui défonce les machos

Avec beaucoup d’énergie et des pointes d’humour, Claire Duplan raconte la vie d’une jeune féministe qui a la rage et le besoin de faire changer les choses.

Constance qui verse tranquillement du sang menstruel dans ses plantes.

Constance ne supporte pas les injustices et le machiste ambiant. Illustratrice de talent, portée par la frustration et l’envie d’infliger de bonnes raclées aux machos, elle dessine les aventures d’une super-héroïne sans merci, Camel Joe, défenseuse de zouz et niqueuse de patriarcat. Son compagnon est un chat au nom obvious : Ninja Pussy. Son costume : crop top, legging panthère, sneakers et eyeliner. On est bien loin de la tenue type des héros Marvel. Cette super-héroïne vole aux secours des femmes en mauvaise posture.

Dans la vraie vie, Constance doit composer entre ses illustrations passion avec une héroïne badass et ses obligations de travail alimentaire, avec des dessins de pubs pour des cosmétiques et ses slogans sexistes. Elle met en images la femme qu’on aimerait toutes être dans le quotidien, capable de refermer leur caquet aux hommes qui profèrent remarques sexistes et blagues de mauvais goût. Cette BD met aussi en scène la sexualité et le peu de cas que font certains hommes du plaisir féminin.

On suit le quotidien de notre talentueuse dessinatrice, Constance, entre galères, amitiés et vie de couple. Éclate alors une affaire de harcèlement sexuel. 134 plaintes sont déposées et les médias s’emballent. Cela fait écho à l’affaire Weinstein, à l’omerta qui régnait avant, à la stupéfaction et à la libération de la parole qui a suivi. Le hashtag employé n’est ni #MeToo ou #Balancetonporc mais #Sitonyourdick. Ce qu’effectivement beaucoup d’hommes devraient faire au lieu « d’interpeller une inconnue pour commenter son cul », « couper la parole d’une femme qui te raconte avoir été harcelée pour lui faire remarquer sa part de responsabilité, genre sa tenue, ou le fait qu’elle soit seule dehors à telle heure ».

Claire Duplan propose une première BD avec un style déjà bien affirmé. À travers les yeux de chats des personnages (à la Joann Sfar), elle propose une vision de monde où se mêlent l’indignation, la colère, le rire et l’action.