Et si Maya Angelou, la femme talentueuse, aventureuse, amoureuse de la vie, toujours en quête de plus de beauté et de justice sur terre a été qui elle a été et comment elle l’a été parce que sa mère lui a donné le plus précieux des cadeaux qu’une mère puisse offrir à sa fille : son amour inconditionnel !
Maman & Moi & Maman, paru d’abord sous le titre de Lady B, est un des livres des Mémoires de Maya Angelou. Ce livre n’est pas un panégyrique mièvre et convenu de la figure maternelle, il ne cache rien de la dureté de la vie de Maya Angelou et des siens. Il ne cache pas l’abandon maternel de la petite fille avec son frère plus âgé auprès de sa grand-mère paternel dans le Sud profond et son racisme systémique des années 20 et 30 du siècle dernier. Il ne cache pas le rejet de la petite fille lorsque sa mère a repris ses deux enfants avec elle parce que Bailey, le frère aîné trop brillant, risquait tout simplement sa vie, à Stamps en Arkansas, régi par les lois du Ku Klux Kan.
Et pourtant, au fil des pages, avec son art unique de la narration, Maya Angelou, en brefs chapitres, dresse le portrait d’une femme prête à tout pour défendre sa fille, capable de se mettre dans des situations parfois dramatiques. Vivian Baxter, Lady B, ne s’immisce pas dans les choix de sa fille, elle ne la juge pas, elle ne la dénigre pas, elle ne lui fait pas la leçon. Ce qu’elle fait ? Elle dit et répète à sa fille « Tu es la femme la plus extraordinaire que j’ai jamais rencontrée ».
Cette phrase est comme un talisman, elle accompagne Maya Angelou et n’est sans doute pas étrangère au culot autant qu’au courage que Maya Angelou a eu tout le long de sa vie, actrice de la lente, chaotique, douloureuse évolution de la place des Afro-américains aux États-Unis mais aussi dans le monde entier.
J’en appelle à toutes les mères à donner ce diamant brut à leurs filles, qu’elle puisse le façonner tout le long de leur vie avec leurs talents, leurs parts d’ombre et de lumière. N’est ce pas une magnifique façon de sortir du carcan patriarcal qui prospère, entre autres, sur la rivalité entre femmes et en particulier entre mère et fille ?
Enfant déjà, les après-midis entières de lecture, la construction de cabanes et les courses en patin à roulettes avec les copines, s’extasier devant un lever de soleil en montagne se nourrissaient mutuellement. Pas de raison que ça change. Lire est une expérience charnelle, construire une cabane une quête métaphysique. Vivre, un grand tout, au jour le jour.
