La Bataille culturelle de Blanche Sabbah

Paru aux éditions Casterman en septembre 2025.

Qu’il est rassurant de lire ce manifeste ! Au milieu du marasme ambiant, Blanche Sabbah ne plie pas, mieux : elle nous rebooste ! La militante et artiste, connue pour ses interventions dessinées (le site et le compte Instagram lanuitremueparis) en faveur des enjeux féministes, climatiques, des communautés LGBT, Queer ou des questions de justice sociale, s’arme une nouvelle fois de ses crayons mais aussi de son expérience de terrain, de recherches théoriques, sociologiques ou historiques pour vulgariser un propos vital : il n’est pas trop tard !

Comment lutter contre l’extrême droite qui menace de s’installer ? Stopper les discours nauséabonds qui envahissent les médias de masse ? Faire entendre d’autres voix, visibiliser d’autres manières d’agir ? En cinq axes, l’autrice propose de définir ce que peut être la bataille à mener. Une bataille « culturelle » dans le sens de « ce qui fait société », des piliers autour desquels nous rassembler, des formes de culture qui nous caractérisent et nous portent vers le haut. Des idées pour agir, concrètement, transformer la société et la faire enfin basculer du bon côté de la force !

Une première analyse pose déjà les « maux » sur la morosité qui nous paralyse : certes, rien ne va plus mais il est percutant de réaliser que, dans le discours dominant, tout nous pousse davantage à abandonner qu’à relever la tête ! Un premier axe donc autour des récits, du pouvoir de la fiction à réécrire le scénario, de la force de la création à réinventer l’avenir.

C’est la culture de la joie qui ouvre le second chapitre. Cette notion, éminemment politique, existe depuis toujours mais ces derniers temps tente de reprendre corps (pensons à l’exposition Joie collective – Apprendre à flamboyer présentée au Palais de Tokyo au printemps dernier ; et évidemment au collectif Planète BoumBoum qui redonne une place méritée à la fête au sein des manifestations et des rassemblements) comme un antidote à l’ensemble des discrédits portés aux mouvements collectifs et militants non violents. Oui, la joie est une force ! Une joie partagée, puissante, guerrière.

Le troisième axe se veut lui aussi bruyant et honore la culture du débat. Gloire à celleux qui parlent fort, qui réagissent, qui se disputent et qui ne laissent plus passer ni la lourde blague sexiste ni le propos raciste balancé en repas de famille, sous couvert de la bonne entente … Qu’on se le dise, c’est terminé : les idées intolérantes ne sont plus tolérables.

Le quatrième chapitre est celui de la culture des convergences des luttes, parce qu’aujourd’hui le règne de la division s’est immiscé partout, jusqu’au cœur des combats antiracistes.

Pour terminer, le cinquième axe est celui d’une éthique féministe. Parce que construire une société féministe c’est prôner des alternatives écologistes, c’est partager la parole avec les dominés, c’est déconstruire les stéréotypes, se battre pour la justice sociale, se réjouir des avancées obtenues grâce au mouvement MeToo, c’est avoir « une vision du monde moins égoïste et moins triste ».

A grand renfort d’images puisées dans la culture cinématographique, artistique et populaire, du Seigneur des Anneaux à Titanic en passant par la littérature cyberpunk et hopepunk, Blanche Sabbah s’adresse à toutes et tous, à la jeunesse, et invite à croire en soi, aux autres et au pouvoir de faire ensemble. We’ve got the power !